Monothème

Putain !

Voilà, comme ça, gratuitement. Comme le bucheron dans la clairière hésite un instant sur l’arbre à entamer puis se crache un bon coup dans les mains pour se donner du courage.

Jour J – 11 pour la Foire. – 18 pour la sortie en librairie.

On y est presque. L’air de rien, c’est du boulot de se faire remettre un prix.

4 septembre. Il y a la journée de formation. La coach veut qu’on sorte un pitch accrocheur. Je parviens péniblement à produire quelques lignes qui tiennent la route mais travestissent un peu le roman. L’avocat nous sert de guide dans les méandres de la législation sur les droits d’auteur. 19 septembre. Rencontre avec l’éditeur, avec tout ce qu’elle représente, cette scène vue, rêvée, lue, vécue par procuration des dizaines de fois.

Septembre – octobre : le manuscrit. Relire, corriger, douter, relire, corriger, pas trop, sinon on risque de décevoir ceux qui ont aimé le livre et lui ont accordé le prix. Le doute s’installe. Alterne avec des moments d’euphorie mais finit toujours par revenir.

Septembre – octobre – novembre : contrat d’édition, lire, se documenter, négocier, relire, renégocier, re-relire et enfin signer.

Il y a aussi la couv’ et la C4 (la quatrième de couverture, pas le formulaire de licenciement) : texte bio, synopsis et photo.

Vacances de Toussaint : l’horreur. Juste une nuit en amoureux et paf ! Je découvre un problème de chronologie passé inaperçu lors de mes quarante-deux relectures précédentes. Je passe une partie de la nuit à me ronger les ongles, et le reste du congé à jongler avec les chapitres.

Début décembre : c’est bon. Après 264 mails échangés avec Xavier, mon éditeur, le bon-à-tirer est parti, le bouquin part à l’imprimerie. M’inscrire dans une société d’auteurs (pour moi, la Scam).

Mais le pire était à venir : les réseaux sociaux. Jouer le jeu ou pas ? Ou plutôt suivre quelles règles ? Timidement, je crée un profil Facebook. J’ai vite douze amis, puis treize (que ces visionnaires sont remerciés, que dis-je ?, bénis à tout jamais).

Le 11 novembre, dans une ville de Mons concentrée sur les festivités du centenaire de l’armistice et livrée aux contingents militaires du monde entier, je suis très gentiment invité à participer à un festival du polar. Je viens y parler d’un livre qui n’existe physiquement pas encore et pour lequel je n’ai que le projet de couverture à montrer. Pas peu fier, cependant, je reçois un badge « auteur » et échange avec quelques écrivains d’envergure, dont Ian Manook et Víctor del Árbol.

Beaucoup plus récemment s’est posée la question de la communication de la sortie du livre. À quels contacts ? Tous, non. Seulement les plus proches, non plus. Mais alors à qui ? Et comment ? Préparation des mails, envoi, oublis, renvois, correction, changement d’heure pour la Foire du livre de Bruxelles…

Et puis là, un vendredi, en rentrant du boulot, je tombe sur Yeba dans le métro. Entre Madou et Mérode, elle me fait un interrogatoire, suivi d’un briefing qui me laissent pantois. Si j’ai une page FB ? Ouf, oui, depuis deux semaines. Twitter ? Instagram ? Linkedin ? Une page web à mon nom ? En .com ? Non, évidemment non, non et non. Hum. Je vois qu’elle se dit que je vis sur une autre planète. Mais comme elle a de la suite dans les idées et un pouvoir de conviction enviable, on se revoit quelques jours plus tard et …, ben, peut-être que quelqu’un me lit sur le net en ce moment…

Bon, je m’arrête là, c’est assez, je trouve, pour un premier billet. Tout ça pour dire combien la préparation de la sortie du livre est prenante, et excitante. Et aussi pour m’excuser auprès de ceux qui m’ont croisé ces derniers mois : comment je suis devenu monothémiste !

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