Qu’on préfère le pognon, le fric, le flouze, la thune, la maille ou les boulettes, on peut le retourner comme on veut : hormis Rick Castle ou Michel Houellebecq, l’écrivain n’est pas riche. Ou s’il est, il y a de fortes chances qu’il ne le doive pas à sa plume.
Jour J – 7 pour la cérémonie officielle d’inauguration de la Foire, – 14 pour les librairies.
Cet intéressant podcast du Petit Salon sur France Culture le déclare sans ambages : l’écrivain est pauvre. Le constat n’a rien de révolutionnaire, tout le monde le sait ou pourrait le savoir mais à une semaine de la sortie de MON roman, j’avoue percevoir la chose avec une autre intensité. La dimension matérielle, ici proprement économique, de l’industrie culturelle, je ne souviens pas qu’on m’en ait jamais parlé dans mes cours de philologie. C’est pourtant loin d’être inintéressant, à en juger par l’ahurissement de pas mal d’amis, connaissances ou étudiants, avec lesquels j’ai abordé le sujet ces derniers mois.
Valentine Goby, quand elle était à la tête du Conseil permanent des écrivains, en France, n’a pas arrêté de rappeler les conditions matérielles difficiles de la création littéraire. Il est habituel que l’auteur touche 10 % du prix de vente HTVA du livre, moins s’il s’agit de littérature jeunesse (6 à 8 %). Pour la version électronique du livre, pour des raisons obscures qui m’échappent encore, c’est encore pire. Et à ce stade, on ne parle pas de piratage, bien sûr, ou de photocopillage.
Chère lectrice, cher lecteur, un petit calcul pour le fun : de quels revenus annuels nets auriez-vous besoin pour vivre dignement ? Ecrivez ce montant sur un bout de papier. Prenons maintenant comme référence le prix dans le commerce de mon roman : 18 euros. La TVA sur le livre étant en Belgique de 6 %, le prix HTVA s’élève à 16,66 euros. Et donc le montant de mes droits d’auteur à 1,66 euros (j’hésite à mettre le -s-). Divisez maintenant le montant dont vous auriez besoin pour vivre pendant un an, vous obtiendrez le nombre d’exemplaires du livre que vous devriez écouler pour y arriver. Il vous faut un best-seller ! Et en publier tous les ans…
Ecrire n’est donc généralement pas un métier. Cela pose plein de questions sur les conditions de production, non ? La bonne nouvelle, c’est qu’il reste la rente (quand nous nous connaitrons mieux, vous pourrez me faire vos propositions), ou le dilettantisme (nettement plus mon genre, à vrai dire).
Heureusement, on n’écrit pas pour devenir riche. Mais quand même…
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