Avant de rêver La Línea, je l’ai beaucoup photographiée. Je suis fasciné par le graphisme de ces exocets qui, en saison, se retrouvent partout dans le quartier de la Atunara.
Zone très populaire, de pêche et de trafic, déglinguée, solidaire, gouailleuse, équivoque, c’est le parfait terrain de jeu du reporter en herbe et une source intarissable d’anecdotes policières.
En été, dès 11 heures, le soleil cogne et la lumière devient très, très dure. Pas facile de capter des détails dans l’ombre du parasol sans exploser complètement les tons clairs. Finalement, j’ai choisi sur cette photo de réduire le contraste, ce qui fait que, en tout cas sur l’écran mal calibré de mon pc, elle me semble aujourd’hui un peu grise.
Précision : c’est de l’argentique, de la pellicule noir et blanc (à l’époque encore, la regrettée Neopan 400 de Fuji). Je travaille avec un vieux Rolleiflex de plus de 60 ans et une petite cellule photométrique capricieuse.

En déambulant dans le quartier, on tombe sur de drôles de paquets. Bien malin qui dirait ce qu’a pu contenir cette fourgonnette enrubannée…
J’ai pris – je prends – énormément de plaisir à photographier en Andalousie. Dompter la lumière, chercher les détails dans les blancs, capturer un bout du réel qui, sinon, aurait été agencé différemment. Au sens littéral, la photo permet de mettre un cadre à la vie. A mi-chemin entre documentaire et invention, on capte, sans douleur, sans nécessité de se projeter soi-même. Bien caché derrière l’appareil. À lui de se charger de la médiation.
Poissons volants nait en partie de cette recherche photographique. En quelque sorte, le roman nait ici :

Cette maison qui semble guigner de l’œil et se foutre gentiment de votre gueule, c’est un peu le noyau de sens d’où tout se déploie.
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